Les trains joueront-ils un rôle clé dans le “Green Deal” européen ?

Les trains de nuit font un retour en force dans plusieurs pays européens, misant sur le penchant pour les voyages nostalgiques pendant le sommeil. Après une interruption de 16 ans, le premier train de nuit reliant Vienne à Bruxelles a quitté la capitale autrichienne à la mi-janvier.

Le réseau ferroviaire national autrichien prévoit de lancer un train couchette reliant Vienne et Amsterdam d’ici la fin de l’année. L’entreprise publique n’est pas la seule à voir une opportunité dans le changement des habitudes des Européens et dans l’attention croissante qu’ils portent à l’environnement.

En 2017, les émissions du secteur des transports de l’UE étaient supérieures de 28 % aux niveaux de 1990. Le “Green Deal” européen, actuellement discuté par la Commission, vise à inverser cette tendance.

Par le biais du pacte vert, nous nous sommes engagés à faire en sorte que le secteur des transports en Europe contribue à notre effort de lutte contre le changement climatique. Tous les modes de transport doivent apporter leur contribution, mais je pense que le rail en particulier change la donne, car c’est un moyen véritablement durable de déplacer les personnes et les marchandises.

Dans le secteur européen des transports, le transport routier est le plus grand contributeur aux émissions de CO2 de l’UE (73 %), suivi par l’aviation (13 %) et le transport maritime (11 %). Le rail, compte tenu de son degré élevé d’électrification, arrive en quatrième position avec 1,6 %.

Les programmes européens actuels visant à promouvoir les chemins de fer ne sont pas une pomme de discorde. “Nous nous réjouissons de recevoir, dans le cadre du prochain cadre financier pluriannuel, un bon budget pour les transports”.

Pas de duel de vitesse sur le réseau ferroviaire de l’UE

Le commissaire aux transports souligne les différences importantes entre les États membres en termes de réseaux ferroviaires, ajoutant que les fonds européens devraient cibler les régions moins développées par le biais des instruments existants, comme la facilité Connecter l’Europe et le Fonds de cohésion.

Elle a toutefois exclu les objectifs dans le domaine des transports – du moins pour l’instant. “Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de comprendre quels sont les goulets d’étranglement dans le réseau et quel sera le montant des investissements nécessaires. Ce n’est donc pas le bon moment pour fixer des objectifs. Avant cela, nous avons besoin d’une évaluation solide”.

Le quatrième paquet ferroviaire de l’UE est en cours de mise en œuvre, ce qui permettra de libéraliser le marché et d’accroître la concurrence pour les services de transport de passagers.

La concurrence va bientôt s’intensifier

La concurrence va augmenter lorsque les autres États membres de l’UE rejoindront les huit premiers qui ont déjà transposé la directive en juin 2019.

Quelques exemples : L’entreprise italienne Trenitalia a demandé à l’ERA un certificat de sécurité unique et des autorisations pour les véhicules afin de pouvoir également opérer en France. La SNCF française et Trenitalia entreront sur le marché espagnol en juin 2020.

L’ERA a deux rôles. Il met en œuvre le règlement de l’UE sur l’interopérabilité et la sécurité. Depuis juin 2019, elle délivre également des certificats de sécurité et des autorisations de véhicules uniques. “Cela signifie que pour les trains circulant dans plusieurs pays, une seule autorisation délivrée par l’ERA est suffisante”.

Vous obtenez ce que vous investissez

Des liaisons nationales comme Barcelone-Madrid montrent déjà qu’il est possible de “remplacer de plus en plus les vols intérieurs moins écologiques en réduisant la durée et le prix des voyages”.

La capacité du rail à concurrencer l’aviation dépendra désormais des investissements dans les voies ferrées, une prérogative des États membres de l’UE. Alors que des pays comme l’Italie continuent de réduire leurs investissements dans le rail, des pays comme l’Allemagne s’engagent davantage, même si le prix des billets a récemment baissé. Le mois dernier, par exemple, son gouvernement a lancé un plan de 86 milliards d’euros qui sera mis en œuvre au cours de la prochaine décennie.

Il s’agit d’une contribution supplémentaire de 64 euros (75 dollars) par personne et par an, ce qui porte l’Allemagne à environ 140 euros, ce qui n’est pas encore très élevé par rapport à l’Autriche et à la Suisse.

La satisfaction des clients est à peu près fonction des investissements par habitant dans le rail. Il note qu’en 2018, la Suisse était la première pour la satisfaction des clients en matière de services ferroviaires et à 365 euros pour les investissements par habitant dans le rail. “L’Autriche était deuxième pour la satisfaction des clients, deuxième pour les dépenses avec 218 euros par habitant. En Allemagne, le chiffre correspondant est actuellement de 77 euros par an”.

Le défi du tourisme durable

La majorité des agences de voyage n’incluent pas pour l’instant le train comme mode de transport pour atteindre la destination touristique finale. Mais nous ne partons pas de zéro. Les agences de voyage, par exemple, proposent déjà des Euro Passes, qui permettent aux voyageurs de voyager quatre ou sept jours par mois avec un seul billet.

En l’état actuel des choses, la part de marché du rail dans le fret européen est en baisse, passant de plus de 18 % à moins de 17 % ces dernières années. La route se taillant actuellement la part du lion du fret terrestre, des sommes très importantes sont investies dans le fret ferroviaire.

Le Green Deal nous a demandé de transférer, autant que possible, le fret de la route vers le rail. Mais pour cela, il faut améliorer le réseau ferroviaire transfrontalier européen. Il faut créer des connexions et des capacités intermodales, et rationaliser les activités aux frontières.

Dans l’ensemble, les perspectives restent prometteuses, car le rail bénéficie d’un fort soutien de la part des écologistes et de l’industrie.

Le règlement de l’UE aidera également le secteur ferroviaire à définir un processus de normalisation technique uniforme. Il pense même que le “Green Deal” aura des conséquences sur les chemins de fer dans de nombreuses régions du monde, et pas seulement dans l’UE.

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